(French-language article)
Repensons les fondements de la collaboration scientifique
Ophelia Deroy
Chercheuse à l’Insitute of Philosophy School of Advanced study, université de Londres
Hugo Mercier
Chercheur au CNRS, Laboratoire langage, cerveau et cognition.
Pour les chercheurs Ophelia Deroy et Hugo Mercier, les grandes équipes internationales (NASA, CERN) se partagent aujourd’hui les honneurs de la science. Au détriment des individus issus des universités et des sociétés savantes.
ans un récent article publié par la prestigieuse revue Nature, Dean Keith Simonton dresse une nécrologie du génie scientifique. Adieu Copernic, Galilée, Descartes et autres Newton ; fini les grands basculements théoriques initiés par Darwin, Marie Curie ou Einstein. Les héros des révolutions scientifiques ont désormais laissé la place à une science des petits pas et des longs acronymes. Les lauréats des prix Nobel de physique et de physiologie ou médecine sont de plus en plus rarement des individus isolés ; le plus souvent, il s’agit de collaborateurs proches ou lointains (pour l’anecdote, les deux derniers lauréats en solo du prix Nobel de physique sont français – Pierre-Gilles de Gennes en 1991, Georges Charpak en 1992). Les projets scientifiques qui font parler d’eux – qu’il s’agisse d’envoyer un robot sur Mars ou de détecter les bosons – sont ceux de grandes équipes comme la NASA ou le CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire).